Mon entourage m’a souvent dit que je me comparais beaucoup.
Au travail notamment, où j’ai souvent eu la perception que les autres avaient l’air de moins travailler, ou mieux travailler, ou mieux vivre la charge de travail que moi. Qu’ils étaient plus impliqués, plus intelligents, plus détendus…
Toujours plus que… toujours mieux que… moi.
J’aimerais me dire que ce problème est singulier, qu’il m’appartient, malheureusement j’observe, en tant que coach, ex-collègue, amie, et tout simplement femme que la comparaison est au coeur de notre quotidien, et qu’elle prend (beaucoup) trop de place.
Alors pourquoi se compare t’on autant ? Quels sont les bénéfices et les inconvénients de la comparaison et surtout, comment faire en sorte qu’elle prenne moins de place pour nous permettre de trouver la nôtre, de place ?
C’est ce que je vous propose dans ce Journal de bord d’octobre ! 🍁
Une édition qui je l’espère vous servira autant qu’à moi.
C’est parti ! 💫
temps de lecture approximatif : 6 minutes
Pourquoi se compare-t’on ?
L’être humain s’est toujours comparé. Bonne nouvelle ?
La comparaison est un mécanisme évolutif de la nature humaine. Elle correspond au besoin fondamental de se situer par rapport à son environnement et aux autres. Elle est intrinsèquement liée au besoin d’appartenance, à notre capacité à nous adapter et à initialement maximiser nos chances de survie.
En 1954 Leon Festinger, psychosociologue américain, a développé sa théorie de la comparaison sociale qui nous permet de savoir où nous nous situons dans notre écosystème social et professionnel. Leon Festinger explique que les individus évaluent leurs opinions et compétences en se comparant aux autres, car ils cherchent à réduire l'incertitude sur eux-mêmes. Il distingue trois types de comparaison :
la comparaison latérale, le fait de se comparer à une personne qui a un niveau assez proche du nôtre dans un domaine précis pour réaliser une auto-évaluation objective
la comparaison ascendante, qui consiste à se comparer à des personnes que l’on perçoit comme meilleures que soi,
la comparaison descendante qui consiste à se comparer à des personnes que l’on perçoit comme moins bonnes, par exemple moins performantes ou moins compétentes dans le cadre professionnel.
La comparaison est bien plus qu'une simple évaluation de soi vis-à-vis des autres. Elle est une expression de nos besoins profonds : appartenance, validation, estime de soi, progression, contrôle et sécurité.
Deux psychologues américain et hollandais, Gibbons et Buunk, ont approfondis les travaux de Festinger notamment dans une étude phare de 2007. Ils nous y partagent notamment que la comparaison peut avoir des vertus !
Les avantages de la comparaison
La comparaison ascendante, peut ainsi nous permettre d’identifier des modèles que l’on admire et qu’on a envie de suivre, ayant alors un effet plutôt motivant. Elle peut nous permettre de nous mettre dans une démarche d’apprentissage auprès des autres, afin de se développer : elle peut alors venir augmenter l’estime de soi car elle nous permet dans ce cas de nous mettre en mouvement.
La comparaison descendante elle, peut permettre de se rassurer et de booster l’estime de soi (le fameux Ego boost), mais cette réassurance est avant tout temporaire et ne débouche pas sur une réelle évolution personnelle, toujours selon l’étude.
Le cocktail Molotov : comparaison et peur du jugement des autres dans nos sociétés modernes
Cependant on le sait bien, la comparaison est surtout en grande partie source d’inconvénient voire de réelle souffrance.
“La comparaison est le voleur de joie”
Théodore Roosevelt
Si vous vous demandez si elle est pire aujourd’hui, dans nos sociétés où règnent la culture de la performance et l’hyperconnectivité, le tout rythmé par les réseaux sociaux et leur illusion de perfection, la réponse est oui. J’écris cela sans jugement, étant moi-même une une consommatrice de réseaux sociaux effarée du temps que je suis capable d’y passer.
Dans nos sociétés modernes s’ajoute à la comparaison une peur accrue du regard des autres : on passe donc une grande partie de notre temps à se comparer, réalisant ainsi une auto-évaluation de nos compétences, opinions et comportements vis-à-vis des autres, et une autre grande partie de notre temps à craindre le regard des autres sur ces mêmes opinions, comportements et actions. Bloquant et épuisant. 🤯
La comparaison et le sentiment de honte
C’est ce que partage notamment Brené Brown dans son livre "Daring Greatly", dont nous avons déjà parlé dans l’édition sur la vulnérabilité. La comparaison sociale ne fait qu’accroître le sentiment de honte dans nos société modernes ainsi que cette idée que ne ne serions “pas assez bien”. Elle nous empêche ainsi d’accéder et d’accepter notre propre valeur et authenticité. La comparaison est alors décourageante et source de frustration.
La comparaison et la quête de reconnaissance sociale
Alain de Botton, philosophe suisse-américain et fondateur de la School of Life explique dans “Status Anxiety” que c’est la quête de reconnaissance sociale, la poursuite d’un statut, qui nous pousse à nous comparer en permanence dans nos sociétés modernes, et à n’estimer notre valeur qu’au travers du prisme de la réussite professionnelle, de nos possessions ou de notre apparence. La comparaison créé alors de l’envie voire de la jalousie.
Le problème vient en réalité d’une croyance implicite : notre valeur dépendrait uniquement du regard des autres.
Résultat des courses : un cocktail qui donne la gueule de bois 😩
Parmi les conséquences de la comparaison toxique notamment au travail, on peut citer :
Une estime de soi et une confiance en soi fragilisées : la comparaison toxique nous pousse à estimer que nous ne sommes “pas à la hauteur” et à nous dévaloriser
Une augmentation de l’anxiété et de l’insatisfaction chronique . En cause ? des “standards” irréalistes et déformés par le kaléidoscope des réseaux sociaux, je parle ici d’Instagram mais aussi de LinkedIn
Une prise de risque et d’initiative annihilée, pas crainte justement de ne pas être à la hauteur
La performance peut elle aussi être inhibée ; c’est le cas notamment d’une comparaison ascendante excessive qui viendrait décourager l’atteinte de ses propres objectifs et encourager la procrastination
Une grande difficulté à savoir et assumer ce que l’on veut vraiment. Et c’est également là le problème. Avec cette comparaison excessive, on ne sait plus ce qu’on aime, on ne sait plus ce qui nous anime, on ne sait plus ce qui fait notre singularité.
Comment sortir de la comparaison excessive et toxique peut nous permettre de prendre notre place ?
Alors comment éviter ces maux et remettre la comparaison à sa place ?
Je vous partage quelques pistes qui n’ont rien de révolutionnaire et c’est peut-être justement ça la clé.
L’acceptation de soi 💛
Selon Brené Brown et Alain de Botton, la première solution pour sortir de la comparaison, c’est de nourrir l’acceptation de soi. Car contrairement à la croyance populaire implicite et précédemment citée, notre valeur ne dépend pas uniquement du regard des autres.
Brené Brown voit en la vulnérabilité et l’authenticité deux véritables antidotes à la comparaison. Accepter qui nous sommes et accepter de le montrer permet de réduire la honte et la peur du jugement des autres car cela nous invite à reprendre la responsabilité de notre estime de soi plutôt que de la confier aux autres.
Pour Alain de Botton, c’est la redéfinition de ses valeurs personnelles, authentiques, qui nous permet de comprendre ce qu’on valorise pour ainsi cultiver une indépendance vis à vis des opinions des autres : ce qu’on valorise nous appartient.
Je vous le partage régulièrement dans ce Journal de bord, la première brique pour oser prendre sa place, c’est avant tout de bien se connaître, connaître ses forces et ses faiblesses, connaître ses valeurs fondamentales afin de cultiver l’estime de soi.
La valorisation de son parcours 🎊
La meilleure façon de se comparer, c’est encore de le faire vis à vis de soi-même ! De se retourner avec bienveillance et objectivité sur tout le chemin déjà parcouru.
Quelques questions pour aider à valoriser son parcours :
Qu’ai-je accompli sur les 3 dernières années ?
Quelles ont été mes réussites, mes succès, dans ma vie pro et perso ?
Qu’est-ce qui fait que ce sont des réussites pour moi ?
La fixation d’objectifs personnels 🎯
Plutôt que de vouloir atteindre des objectifs qui ne sont pas les nôtres, fixons-nous plutôt des objectifs alignés avec ce qui nous anime, avec ce que nous sommes.
Qu’est-ce que le succès pour moi ?
Par rapport à cela, qu’est-ce que j’aimerais atteindre d’ici 6 mois, 1 an ?
Cela permet de se concentrer sur ses propres progrès et non sur ceux des autres !
Un soutien professionnel 🤝
Travailler avec un coach ou un thérapeute peut être utile pour gérer les effets toxiques de la comparaison et développer une meilleure estime de soi.
J’ouvre justement en novembre 2 places de coaching individuel !
Je vous accompagne pendant 3 mois à oser prendre votre place, pour apprendre à gérer la comparaison, à dépasser vos peurs et à décider dans votre quotidien afin de vous sentir aligné.e et authentique au travail.
Et vous, quelles sont vos astuces pour vous affranchir de la comparaison et du regard des autres ? Dites-le nous en commentaire !
C’est fini pour aujourd’hui, à la prochaine ! ✌️
Cette édition de mon Journal de bord vous a plu ? Dites le moi avec un 💚 et partagez-la aux personnes qui en auraient le plus besoin dans votre entourage 🥰
Très clair et rassurant !