Bienvenue dans cette nouvelle édition de mon Journal de Bord ! ✨
Lundi matin, alors que je buvais mon thé en pensant au sujet de ma newsletter de ce mois de février, je repensais au livre de Mona Chollet que je suis sur le point d’achever, Résister à la culpabilisation. Je reçois alors une notification de mon application Co-Star que je m’amuse à lire religieusement presque tous les jours et qui m’indique le mantra du jour : “Be honest, not perfect”. Il n’en fallait pas plus pour trouver le sujet de mon Journal de Bord de Février : l’exemplarité.
Je parle souvent de l’exemplarité managériale comme pierre angulaire pour enclencher les changements que l’on souhaite voir opérer dans son équipe.
Néanmoins, à quel moment l’exemplarité devient-elle une injonction à la perfection ? Quand les frontières entre être exemplaire et être irréprochable deviennent floues, comment faire en sorte que l’exemplarité ne devienne pas la quête d’une perfection inatteignable ou encore une pression supplémentaire avec comme seule conséquence de venir accroître notre culpabilité ?
C’est ce que je vous propose d’explorer dans ce Journal de Bord de février.
C’est parti ! 💫
Avant de se lancer, il est important de préciser que je m’intéresse ici aux leaders au sens de managers, dirigeants mais aussi aux entrepreneurs ou coachs. Mais ce sujet ne se limite évidemment pas à ces profils, on le retrouve chez toutes les catégories de leaders tout comme dans le militantisme comme c’est notamment abordé dans le livre de Mona Chollet que je citais plus haute ou encore dans cet article publié sur le média BonPote au sujet de l’activisme écologique.
Être exemplaire pour être aligné 🧘
Incarner ce que l’on prône ou ma conviction que l’exemplarité managériale est essentielle en entreprise.
Incarner ce que l’on prône c’est finalement cette notion d’alignement entre des valeurs, des concepts et des actes, des comportements, des rituels.
L’exemplarité joue alors ce rôle essentiel car elle permet de :
Modéliser les comportements attendus, notamment au sein d’un organisation, d’une équipe
Si je suis exemplaire, je suis crédible. On le voit d’ailleurs bien avec ces quelques contre-exemple :
Comment faire vivre le droit à la déconnexion quand on envoie soi-même des messages soirs et weekends ? Comment faire vivre le collaboratif quand on exige de nos coéquipiers que toutes les décisions soient validées par la hiérarchie ?
Susciter un climat de confiance
En étant exemplaire, on génère autour de nous de la cohérence cognitive : un leader en incarnant un comportement attendu rassure et génère de la confiance. Comme l'humain cherche naturellement à réduire l'incertitude, lorsqu’un leader est aligné et tient un discours cohérent avec ses actes, cela diminue l'ambiguïté et permet aux équipes de mieux anticiper l'avenir.
A contrario, être en contact avec une personne qui n’incarne pas les valeurs qu’elle prône voire adopte des comportements opposés va créer de la dissonance cognitive et instaurer un climat de méfiance.
Générer l’engagement
Une étude de Harvard Business Review de 2019 montre que les entreprises où les leaders adoptent un comportement aligné avec les valeurs qu’ils prônent ont un taux d’engagement des employés 3 fois plus élevé. Cette idée que l’exemplarité et l’alignement génèrent l’engagement est corroborée par cette infographie publiée en 2023 par le même magazine.
Exemplarité, quête de perfection et culpabilité 🫵
Être exemplaire permet donc d’être crédible, et apporte finalement une forme de légitimité.
Mais quand l’exemplarité devient une quête de perfection inatteignable, elle est source de pression mentale, et devient un terreau fertile à la culpabilité, que ce soit pour un leader en entreprise ou ailleurs, un entrepreneur ou même un coach.
J’ai plein d’exemples à vous partager, à commencer par mon expérience personnelle où il a pu m’arriver et m’arrive encore parfois de me mettre la pression parce que je ne suis pas ceinture noire sur tous les sujets que je prône en coaching et que je vous partage ici : assertivité, plaisir au travail etc.
Héritage de la pensée chrétienne
Je trouve intéressant de comprendre l’héritage chrétien de ce lien entre exemplarité et culpabilité et de la mettre en perspective de cette perfection irréaliste. Dans la pensée chrétienne, Dieu est le miroir de la perfection et devient alors le point de repère : nos actes et comportements sont analysés selon leur conformité ou non à cette image de Dieu et la pureté devient alors la référence à l’aune de laquelle nous nous évaluons : pas pressurisant pour un sou.
Pour en savoir plus sur ce sujet je vous suggère cet article de The Conversation datant de 2017 et dont je me suis inspirée !
Exemplarité et message contraignants
Un autre lien entre exemplarité et culpabilité peut être exploré du côté des drivers développés par Taibi Kahler, fondateur de la Process Communication elle-même dérivée de l’Analyse Transactionnelle.
Les drivers sont ces messages contraignants intégrés depuis l’enfance et qui influencent nos comportements sous stress. Il existe 5 drivers et certains d’entre eux nous poussent à rechercher une irréprochabilité excessive.
Une personne qui a un “sois parfait” fort aura tendance à se mettre beaucoup de pression à atteindre un idéal d’exemplarité pour elle-même, quitte à se créer une prison mentale.
Une personne qui a un “fais plaisir” très développé, ce profil de people pleasers dont je parle très souvent dans cette newsletter, voudra être irréprochable pour les autres et pourra ressentir très fortement la culpabilité liée à la quête d’exemplarité.
L’exemplarité donne de la crédibilité et de la légitimité. Soit. Mais cela fonctionne si on résiste naturellement au phénomène de culpabilisation. La psychologie du syndrome de l’imposteur nous apprend en revanche que plus on veut être irréprochable, plus on se sent illégitime. Un cercle vicieux qui n’en finit pas.
La frontière entre responsabilisation et auto-flagellation
L’exemplarité est responsabilisante : elle permet d’agir selon des valeurs, des principes que l’on estime et auxquels on croit, et cultive la remise en question pour nous permettre de continuer de progresser. Néanmoins, jusqu’où doit-on se remettre en question sans tomber dans la spirale de la culpabilité ?
Quand on rentre dans une auto-analyse en permanence, la responsabilisation saine laisse souvent place à une auto-flagellation toxique qui engendre une sentiment d’échec permanent et peut vite devenir une spirale culpabilisante.
Cela me fait penser à un autre concept dont on parle beaucoup en coaching et en développement personnel, et sur lequel je reviendrais surement prochainement, celui de l’auto-sabotage : le fait qu’on adopterait inconsciemment un comportement contre-productif, comme la procrastination par exemple, pour se saboter.
À nouveau, je trouve cette approche surtout culpabilisante dans la mesure où s’il existe bien des mécanismes réels d’auto-sabotage, parfois c’est la fatigue, la surcharge ou encore des peurs légitimes qui nous invitent à rester dans le canap’ plutôt que de passer à l’action.
L’irréprochabilité ou le piège de l’intransigeance
À vouloir être parfaitement exemplaire sans transiger, le risque est de perdre en authenticité.
On observe d’ailleurs très bien cela en entreprise : les leaders qui se montrent infaillibles et forts dans toute situation, dissimulant toute vulnérabilité, créent une distance avec leurs équipes qui ont parfois du mal à être embarquées pas ce type d’attitude : on ne s’identifie pas à quelqu’un de parfait mais à quelqu’un de vrai. Ces faux-semblant pour cacher une peur de ne pas être à la hauteur provoquent l’effet inverse : une méfiance des équipes ou des clients pour les coachs et entrepreneurs et un manque d’authenticité.
L’autre risque, c’est celui de perdre en flexibilité et en adaptabilité.
Exiger de soi et des autres un comportement irréprochable empêche cette même remise en question qui est pourtant initialement positive dans la recherche d’exemplarité ! Cette rigidité excessive peut créer un climat toxique où l’erreur est perçue comme une faute impardonnable plutôt que comme une opportunité d’apprentissage.
L’autorisation à être humain : exemplarité et vulnérabilité 🤝
Finalement c’est peut être ça le fin mot de l’histoire : l’exemplarité est saine si elle est humaine et consciente.
Un leader qui assume ses limites et apprend de ses erreurs envoie un message bien plus inspirant et responsabilisant qu’un leader infaillible.
En cela, la vulnérabilité est un réel pilier à l’exemplarité.
Brené Brown, chercheuse américaine dont je vous ai déjà parlé dans mon Journal de Bord dédié à la vulnérabilité montre que les leaders qui osent partager leurs doutes avec assertivité et sans s’effondrer sont perçus comme plus crédibles et inspirants.
La vulnérabilité créé alors de l’engagement et de la connexion avec ses équipes, avec son audience.
vulnérabilité et résilience
Reconnaître ses faiblesses, ses échecs permet d’avancer avec plus de clarté et de les accepter comme partie intégrante du chemin plutôt que comme un signe d’incompétence.
vulnérabilité n’est pas faiblesse
Accepter et oser dire qu’on ne sait ni tout ni tout faire n’est pas un signe de faiblesse, bien au contraire : cela humanise les relations et crée un climat plus sain où chacun peut progresser sans la peur du jugement.
Auto-coaching : comment cultiver une exemplarité saine ? 🌿
Pour terminer, voici quelques questions que je vous invite à vous poser pour définir un exemplarité plus saine et plus humaine
Quels comportements clés suis-je prêt(e) à incarner pour être aligné(e) avec mes valeurs ?
Où est-ce que je me mets une pression excessive d’exemplarité qui pourrait être relâchée ?
Comment puis-je montrer l’exemple tout en restant authentique sur mes propres défis ?
Ces questions valent pour tous, que vous soyez managers, décideurs, entrepreneurs, parents, militants… et pour ceux qui le souhaite, n’hésitez pas à nous inspirer en partageant vos réponses en commentaire 🚀
En synthèse ☀️
L’exemplarité est un puissant levier d’engagement et de confiance, mais elle ne doit pas être une injonction à la perfection.
Un leader, un entrepreneur ou un coach n’est pas exemplaire parce qu’il est parfait, mais parce qu’il est aligné, authentique et capable d’assumer ses contradictions.
Plutôt que de viser une exemplarité rigide et culpabilisante, je nous invite à adopter une exemplarité incarnée et humaine.
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J’espère que cette édition vous a plu ! Si c’est le cas, n’hésitez pas à me le faire savoir en likant et commentant ce post ou en le partageant à quelqu’un qui pourrait l’apprécier !
C’est fini pour aujourd’hui, à la prochaine !✌️