Journal de Bord - Janvier 24
Gentillesse, people pleasing et assertivité : comment être bon sans se perdre en route ?
Bonjour à tous et bienvenue à ceux qui nous rejoignent pour cette nouvelle édition !
On démarre l’année avec un thème qui je l’espère, apportera de la chaleur et des bonnes énergies. ☀️
J’ai le temps d’un instant songé intituler cette nouvelle édition “comment être bon sans se faire prendre pour un jambon ?” mais j’ai très vite trouvé que ça manquait cruellement de classe et surtout que ce n’était pas le propos.
J’opte donc pour le plus doux et subtil “Comment être gentil sans se perdre en route ?” : un sujet que j’ai eu l’occasion de vivre mais aussi d’observer dans mes accompagnements jusque dans mes coachings aujourd’hui.
C’est parti ! 💫💫
temps de lecture approximatif : 7 minutes
Ce sujet ne m’est pas venu par hasard ; je viens tout juste de terminer le livre de Thomas d’Ansembourg “ Cessez d’être gentil, soyez vrai ! ” livre au titre accrocheur et qui est selon moi d’utilité publique.
Alors de quoi parle t’on quand on parle de gentillesse ?
On pourrait qualifier la gentillesse par un ensemble d’actions bienveillantes, aimables et courtoises envers les autres ; en tout cas c’est comme ça que ChatGPT le fait.
Comme les émotions (cf. l’édition de décembre), la gentillesse n’a pas toujours été vue sous les meilleurs auspices, notamment au travail.
Tantôt considérée comme un aveu de faiblesse, tantôt comme un frein à l’évolution, la gentillesse n’a pas toujours été une qualité justement valorisée au travail. Il n’y a qu’à voir ce que l’expression “il est gentil” suscite naturellement si on ne précise pas qu’il s’agit d’un compliment.
Pourtant, récemment, un extrait d’un texte de la philosophe Laurence Devillairs, éloge à la gentillesse, était relayé sur les réseaux sociaux par des femmes ambitieuses et succesful comme Maud Bailly (Accor) ou Pauline Laigneau (fondatrice de la marque Gemmyo) :
Avant cela, une étude réalisée par Google en 2012, the Aristotle Project, dont l’objectif était d’identifier les secrets des équipes les plus efficaces, révèle deux comportements communs aux équipes les plus productives :
la capacité à s’exprimer librement, sans craindre de se faire rabrouer par un membre de l’équipe
l’empathie, la capacité à comprendre l’autre,
Ces deux comportements cumulés créant ainsi pour les membres de l’équipe une “sécurité psychologique”.
Au delà d’engendrer un climat de travail agréable et plaisant, la gentillesse au sein d’une équipe a donc directement un impact sur son efficacité.
Les lettres de noblesses sont redonnées à la gentillesse en milieu professionnel.
Houra ! 🎉
Alors pourquoi faudrait-il cessez d’être gentil ? Où est-ce que le bât blesse ?
Pourquoi sommes-nous gentils avec les autres ?
Il convient de distinguer la gentillesse “vraie”, authentique, bienveillante et sans masque, de ce que Thomas d’Ansembourg appelle la gentillesse d’attitude ou de complaisance.
Ce n’est jamais la gentillesse en tant que telle que pose question mais bien ses motivations.
Je fais le lien ici a une notion que j’aborde souvent, celle du people pleasing.
Le people pleasing se caractérise par un manque d’affirmation de soi c'est-à-dire d’un manque de confiance et d’estime de soi qui empêche de s’exprimer sans crainte excessive de la réaction des autres.
Un people pleaser va avoir tendance à :
Faire passer la satisfaction et les besoins des autres avant la sienne, par peur du rejet ou de l’abandon,
Taire ses avis ou désaccords, par peur du conflit
Faire abstraction de ce qui compte vraiment pour lui, par manque de connaissance de soi ou par peur de la critique
ou encore et plus généralement, à dire oui même quand il veut dire non.
C’est ce que Marshall Rosenberg, psychologue américain et père de la Communication Non Violente, dont il est question dans le livre de Thomas d’Ansembourg, appelle a nice dead person, une personne gentille mais qui ne connait pas sa propre identité. 🫠
La motivation d’un people pleaser est donc à la fois guidée par la peur et par un ensemble de croyances ancrées, comme celle qu’il faut être gentil pour être aimé, ou encore que c’est impoli voire méchant de dire non.
J’ai d’ailleurs consacré mon webinaire de la semaine dernière sur ce sujet que vous pouvez retrouver ici. Il y est question de comprendre ce qui nous empêche de poser ses limites pour éviter de se sentir surchargé au travail :
Identifier ses motivations profondes permet donc de prendre conscience du besoin de se tourner vers soi et d’être gentil avec soi-même afin de cultiver des relations saines aux autres.
Comment développer une gentillesse authentique et empathique ?
On pourrait vanter les mérites d’une recette magique pour “être vrai”.
En réalité, il s’agit à la fois d’un travail très personnel de connaissance de soi puis de connexion profonde à l’autre en cultivant son empathie. En voici les grandes étapes :
Se connecter à ses sentiments et ses besoins ☀️
Cela implique de passer par soi et de se connaître, de reconnaître ses besoins et ce qui est important pour soi.
Vous pouvez pour cela déjà vous référer aux outils et exercices partagés dans les deux précédentes éditions (de novembre ici et de décembre là )
Développer son assertivité 🌿
L’assertivité, c’est l’art de s'exprimer avec confiance, et de défendre ses idées tout en étant ouvert à celles des autres. C’est cette capacité à dire "non" quand c'est nécessaire, mais aussi à écouter et à comprendre les besoins des autres. Elle se distingue de l’autorité dans le sens où on ne cherche pas à imposer une volonté ❌
En bref, c’est connaître ses limites tout en respectant celles des autres, en empathie. 🌱
Cultiver son courage 💪
Cette étape qui n’est certes pas simple mais est largement facilitée par les deux précédentes.
Le courage n'est pas l'absence de peur mais la capacité à l'accepter et la dépasser.
En cultivant le courage d’être vrai, d’être vulnérable, de ne pas être d’accord ou encore d’avoir une conversation difficile, on fait le choix de soi et le choix de la gentillesse authentique.
On entend beaucoup parler de courage managérial en entreprise. Loin de cultiver l’idéal d’un manager super-héros, cette notion fait référence à la capacité à :
Se connaître, ses forces comme ses faiblesses, et à être vulnérable
Être responsable de ses actes et décisions
Avoir une discussion difficile en étant assertif
Prendre des décisions difficiles
Rings a bell ? 🔔
L’outil du mois
Dans la lignée de cette introduction à la Communication Non Violente, je vous partage aujourd’hui, pour ceux qui ne le connaissent pas déjà, l’outil le plus utilisé de cette méthode : le modèle OSBD pour trouver un terrain d’entente à une conversation difficile.
Avant cela, un rappel majeur :
l’un des piliers de la CNV est l’intention profonde de la connexion à l’autre. C’est bien ce qui fait de cette méthode une réelle philosophie de vie, qui invite à déconstruire nos rapports de forces dans notre communication pour favoriser le lien avec l’autre. Autrement, l’outil que je vous partage risque de sembler creux voire manipulateur 😉
Le modèle OSBD
Cette méthode invite, lorsqu’une situation est conflictuelle à :
- (O) partager une Observation factuelle de la situation
- (S) exprimer les Sentiments que cela provoque pour soi, ce que l’on ressent
- (B) clarifier ses Besoins cachés par ces sentiments, vis à vis de la situation
- (D) avant d’aboutir sur une Demande pour satisfaire ses besoins
Avant d’être utilisé pour échanger avec l’autre, ce modèle peut être utilisé pour diagnostiquer ce qui se passe en soi, comme le présente cet outil du centre de formation À partir de maintenant.
Pour aller plus loin 🚀
Vous l’aurez probablement compris, mon invitation pour ce mois de janvier est de vous plonger dans le livre de Thomas d’Ansembourg 😉
J’espère que cette édition vous a plu ! Si c’est le cas, n’hésitez pas à me le faire savoir en likant et commentant ce post ou en le partageant à quelqu’un qui pourrait l’apprécier !
C’est fini pour aujourd’hui, à la prochaine !✌️
Sujet passionnant que celui de la gentillesse ! Vraiment intéressant ton point sur la "gentillesse authentique". Je crois être tombé sur ce podcast un jour... et je l'avais trouvé très éclairant ! https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/le-18-20-le-telephone-sonne/le-18-20-le-telephone-sonne-du-vendredi-03-novembre-2023-3687131